Balade avec lumière (samedi, 01 mars 2008)

Puis-je écrire sur une trouée de lumière ?
Elle tombe du ciel entre les arbres et me réchauffe tandis que j'écoute la musique sous le kiosque. C'est étonnant d'ailleurs: le temps toujours aussi gris et fragile entre deux averses et soudain ce rayon de soleil.
Est-ce que les dieux, ou quoi que ce soit qui s'assied sur les nuages comme sur un fauteuil de théâtre, aime la musique ? Je crois qu'oui.
Une demi-heure j'ai attendu. En cette fin de journée marquée dans le calendrier comme une journée d'été 2000, avec mon tee-shirt froissé léger léger (à qui certains trouve un air torchon et en qui les fashions-V reconnaissent un petit haut de Miyake) je me suis gelée.

 


À une crise d'inspiration sur des textes ou sur la vie en général rien ne vaut une balade dans un bois ou, à défaut, dans un joli parc.
Remontant à pied le boulevard de Port-Royal j'ai tourné dans la petite rue qui passe devant le Val de Grâce, j'ai bifurqué encore.

Derrière le grand portail du jardin, un gendarme déambule tranquillement, juste histoire de ne pas oublier que le Luxembourg appartient au sénat. De l'autre côté les grilles, se trouvent les "pelouses autorisées". J'ai marché encore longeant les statues des reines placides. Je suis arrivée au kiosque, trois hommes faisaient des essais de voix: "la balance". En quelques notes, ils me donnèrent envie de sacrifier ma promenade et de m'arrêter là pour entendre le concert qui se préparait. J'attendis donc.
Si une balade peut venir à bout d'une crise d'inspiration, les quelques notes diffusées dans la végétation du jardin, promettaient de "m'accorder" exactement.

Et elles "m'accordent". Assise sur ma chaise en fer, parmi les spectateurs qui petit à petits sont venus occuper toutes les chaises libres et se masser debout derrière elles quand il n'y en eut plus, j'entreprends ce petit voyage étrange de déconnexion de la planète, comme si tout à coup, le fil qui me tient debout, humaine, se rompt et me rend à une sorte de grand tout. Je ne suis plus là et l'espace d'une demi-seconde, je ne suis plus moi mais l'au-delà de moi où la musique parfois m'envoie, l'absence de conscience, le vide miraculeux. L'accord avec… avec… je ne sais pas, c'est un accord ? Accordée à la musique ? À ce que j'entends ? À la terre à l'univers ? Je n'en sais rien. Je n'en sais fichtrement rien. Mais comme c'est bon !


Du balcon je vois les palmiers
Les sages arbres taillés
Les fleurs, les gens.
Après de longs crépitements
Tout à l'heure j'ai entendu
Les cuivres et les voix aiguës
Portées jusqu'à moi par le vent.

Il est un jardin de calme
À bruits d'eau et à bruits d'enfants
Où partout des reines muettes
Guettent et songent…

Mh, Petite chose des cartons, jardin du Luxembourg, juillet 1989

Extrait: ...."Alors que la tâche majeure de l'homme devrait-être, tout au contraire, de prendre conscience de ce qui, provenant de l'inconscient, se presse et s'impose à lui, au lieu d'en rester inconscient ou de s'y identifier. Car dans ces deux cas, il est infidèle à sa vocation, qui est de créer de la conscience"... Jung, ma vie

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