14 juillet 2009 : Traces de guerres. (mercredi, 15 juillet 2009)

Ce que je lis me rend triste.
Hier les chars de retour du défilé sont passés sur la place. Les militaires très fiers agitaient les bras.
Les gens applaudissaient sur leur passage. Les chars faisaient vibrer l’immeuble.
Ce matin, je lis le nom des décorés de la légion d’honneur. Mon père est malade maintenant, mais cela le rendrait encore plus malade s’il savait de qui ils s’agissait.
Je lis l’histoire de ce jeune stagiaire du monde, gardé à vue par la police,
et de ce réalisateur, qui défendait des squatters de Montreuil, éborgné par la police, tous les autres.
Je pensais à ces sous-catégories d’Hommes que nous ne voyons plus, les sans-papiers, les sans droits, les sans rien.

Quel dégoût.
Quel dégoût.

Je voulais un jour écrire une histoire. Une histoire qui s’appellerait « traces de guerre. »

Je voulais remonter un peu l’arbre généalogique et parler de ses traces de guerres. De tout ce qu’enfant on entend :
Des chevaux morts de mon grand père français en 14-18, de son engagement un peu tardif contre Vichy.
Des pendus aux arbres que mon père a vus durant la guerre de 39---45, de la mort de son petit frère par manque de lait, de la guerre d’Indochine, de ses cauchemars, de sa fille née et restée là-bas, maintenir les tripes d’un copain, voir des amis exploser, se battre côte à côte avec des Mongs ouvrant le ventre des combattants qu’ils capturaient ; l’alcool de riz pour partir se battre, fourni par l’armée, ainsi que les tickets pour les « femmes » ; les remords.
J’aurais écris aussi sur la guerre d’Algérie après.
Je voulais parler de la guerre d’Espagne de mon papi espagnol, de sa douleur de perdre sa terre, ses terres, de la guerre aussi de ma grand-mère d’Espagne, des camps de Gurs et d’Argeles, je voulais parler de la deuxième guerre du papi en France contre les Allemands.
Je voulais parler d’une mentalité petite bourgeoise française, rassise, conformiste, avariée.
Sommes-nous conscients de ce qui commence, de ce qui continue de ce que nous sommes, de ce que nous faisons ensemble ?
Je voudrais taper dans quelque chose, secouer quelque chose, je voudrais qu’ils soient fiers de moi, mais je ne suis pas sûre d’être capable d’une once de leur courage et de leur révolte.

mh,

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