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Les churros

Ma grand-mère s’appelait Paquita.
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Elle ne connaissait pas sa date de naissance exacte.
Je ne sais pas si sur sa carte d’identité figurait le prénom Paquita ou Francesca. L’un étant le diminutif de l’autre.
Quand j’étais petite, je parlais espagnol avec abuela mon arrière-grand-mère, la mère de mon grand-père : Vincente.
C’est drôle comme les souvenirs sont sélectifs.
Je me souviens de ma grand-mère tenant ma main jusqu’à ce que je m’endorme.
Elle avait le bout de certains de ses doigts coupés.
Un jour où nous allions au marché, à l’arrière de la grosse voiture d’un voisin, mamie a mis du sent-bon sur un coton et l’a glissé sous mon tricot de corps, sur ma poitrine de petite fille.
Les churros, elle me les achetait sur la place du marché à Tarbes, à un camion en face d’une église. Ils étaient croustillants et un peu gras dans leur cornet de papier.
Elle disait ou j’ai entendu qu’elle avait été emmurée quand elle était à l’école. Je ne comprenais pas ce que cela voulait dire.
On regardait la télé assis sur des chaises.
Les oies de guinées étaient immenses, elles me couraient après. Elles me pinçaient les jambes.


Mon grand-père n’aimait pas que je laisse quelque chose dans mon assiette.
Je ne savais pas pourquoi cela le mettait en colère.
Il disait que j’étais une jolie petite fille.
Oui, c’est ce qu’il disait.
Il détestait les fascistes.
Les communistes aussi : ils avaient volé l’or de l’Espagne.
Il jouait et gagnait souvent à la belote.
Il avait donné toutes ses terres Aragonaises à sa sœur.
En France, il travaillait dans une scierie.
Il écrivait des poèmes.
Il portait un béret noir sur la tête mais pas comme les gens du sud-ouest.

Quand je suis partie vivre, en ville, je n’arrêtais pas de tomber.
Je ne devais pas me plaire dans le froid et le béton.
Mamie nous envoyait des colis.

A part des bribes de souvenirs je me demande ce qui en moi, reste d’eux.

Le lieu où je me repose est encadré par des galets d’argent
Le sang des roses éclabousse le jardin
La verveine pousse au pied de la statue de la vierge

Le temps où je me repose est entre ma main dans celle de ma grand-mère
et son corbillard fleuri

Là est tout mon trésor


(c) mh,

Catégories : La lettre de mh 3 commentaires Imprimer Pin it! Lien permanent

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