La maison de mh (dimanche, 21 avril 2013)

(Texte déjà publié qui date d'une dizaine d'années... depuis j'ai changé de maison, peut-être faudrait-il que j'en change encore...)

Ma maison est toute petite.

Et puis ce n'est pas vraiment une maison.

Quelqu'un en se moquant la traitée de soupente. Cela ne m'a pas fait plaisir.

Je suis perchée depuis tant d'années dans ce bout de Paris que je ne me rends pas bien compte.

Ma maison a l'air fragile d'une vieille dame en mauvaise santé. Je m'en aperçois depuis peu et cela m'attriste.

Bien que toute petite et malgré tous les travers que je lui vois, ma maison semble agréable aux visiteurs. J'ai souvent l'impression qu'ils voudraient y demeurer seuls. Habiter sous le bois de la mezzanine, lire dans les coussins, feuilleter les revues, respirer l'odeur des fleurs que des amis parfois m'envoient.

Dans ma maison, il y a une étagère de travers, croulante sous les livres les dossiers les papiers. Il y a un gros fauteuil confortable, que j'ai hissé en haut des six étages au prix de tant d'efforts, et d'un curieux courage sur moi-même à une époque où je n'en avais aucun, qui me le rende cher. Il y a un canapé tout mou, acheté à une voisine. Il y a une armoire sur le point d'exploser mais qui résiste à tout par, je ne sais quelle sorcellerie.

Dans un coin il y a une jolie table ronde pour les bouquets ronds, une tortue magique en terre qui a des pattes cassées que j'ai recollées soigneusement, des coquillages que mon grand-père a ramassés sur une plage en Espagne, des cailloux de Guyane, du jour ou j'ai compris la présence et l'absence.

Dans la cuisine, toute la matinée sur la plaque électrique se tient au chaud une théière en fonte basse et large, ramassée sur elle comme un crapaud. Il y a aussi une machine à laver cabossée. Je l'aime bien, comme la tortue aux pattes cassées comme le gros fauteuil, comme des objets qui semblent avoir vécus plus que d'ordinaire.

Le temps passe. Avoir une si petite maison, une si fragile maison encore !

Je me suis attachée à elle avec ses faiblesses. Ses faiblesses maintenant me détachent.

Nous commençons à nous épuiser l'une de l'autre.

Je vais transporter ailleurs les livres, la tortue, le fauteuil, la théière, la machine à laver qui a vécu.

Je vais chercher une autre maison, je sais, je dois, je…

 

mh,

 

(texte de la lmh1...mis en avant)

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