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La maison de mh

(Texte déjà publié qui date d'une dizaine d'années... depuis j'ai changé de maison, peut-être faudrait-il que j'en change encore...)

Ma maison est toute petite.

Et puis ce n'est pas vraiment une maison.

Quelqu'un en se moquant la traitée de soupente. Cela ne m'a pas fait plaisir.

Je suis perchée depuis tant d'années dans ce bout de Paris que je ne me rends pas bien compte.

Ma maison a l'air fragile d'une vieille dame en mauvaise santé. Je m'en aperçois depuis peu et cela m'attriste.

Bien que toute petite et malgré tous les travers que je lui vois, ma maison semble agréable aux visiteurs. J'ai souvent l'impression qu'ils voudraient y demeurer seuls. Habiter sous le bois de la mezzanine, lire dans les coussins, feuilleter les revues, respirer l'odeur des fleurs que des amis parfois m'envoient.

Dans ma maison, il y a une étagère de travers, croulante sous les livres les dossiers les papiers. Il y a un gros fauteuil confortable, que j'ai hissé en haut des six étages au prix de tant d'efforts, et d'un curieux courage sur moi-même à une époque où je n'en avais aucun, qui me le rende cher. Il y a un canapé tout mou, acheté à une voisine. Il y a une armoire sur le point d'exploser mais qui résiste à tout par, je ne sais quelle sorcellerie.

Dans un coin il y a une jolie table ronde pour les bouquets ronds, une tortue magique en terre qui a des pattes cassées que j'ai recollées soigneusement, des coquillages que mon grand-père a ramassés sur une plage en Espagne, des cailloux de Guyane, du jour ou j'ai compris la présence et l'absence.

Dans la cuisine, toute la matinée sur la plaque électrique se tient au chaud une théière en fonte basse et large, ramassée sur elle comme un crapaud. Il y a aussi une machine à laver cabossée. Je l'aime bien, comme la tortue aux pattes cassées comme le gros fauteuil, comme des objets qui semblent avoir vécus plus que d'ordinaire.

Le temps passe. Avoir une si petite maison, une si fragile maison encore !

Je me suis attachée à elle avec ses faiblesses. Ses faiblesses maintenant me détachent.

Nous commençons à nous épuiser l'une de l'autre.

Je vais transporter ailleurs les livres, la tortue, le fauteuil, la théière, la machine à laver qui a vécu.

Je vais chercher une autre maison, je sais, je dois, je…

 

mh,

 

(texte de la lmh1...mis en avant)

Catégories : La lettre de mh 8 commentaires Imprimer Pin it! Lien permanent

Commentaires

  • J'aime cette nouvelle présentation Mh, au moins on a tout ce qu'on veut sous la main et cela permet de choisir ou revenir sur ce qu'on n'a pas encore lu, beaucoup plus facilement.

    Bisous à ta fille aussi, Maya.

  • Pourtant, elle a l'air sympa ta maison...
    Bon, c'est vrai, tu pourrais changer la machine à laver...
    Je te salue mh, et te souhaite un bon week end...

  • Je n'ai pas oublié ton refuge sous les toits, le nid douillet sur lequel tu te repliais, tu t'enterrais. Tu as fini par t'envoler vers une autre maison, où tu as plus d'espace et de confort. D'où vient que pointe l'envie de reprendre ton envol?
    Joyeux Noël. Marie

  • Là-bas, c'est en moi que je m'envolais.
    Cela m'a été infiniment précieux.

    Joyeux Noël à toi, à ceux qui lisent.
    mh,

  • ton chez toi était un corps à la taille du tien. juste la place qu'il fallait pour chaque chose. juste le manque de place nécessaire pour ne pas en faire un refuge d'attente, juste assez d'inconfort pour que le jour venu, tu n'aies pas trop de peine à changer de coquille. Dans cette coquille, tu étais la marie-hélène l'hermite. quand elle est devenue trop petite, tu as trouvé une plus grande que tu rempliras avec le temps. patience.

  • bonjour,

    je viens de découvrir votre blog grâce à un commentaire que vous m'aviez laissé en 2005.

    Le temps prend aussi son temps sur le net, parfois.

    Jolie rencontre. Vous me parliez de thé, de chocolat et de savon.

    J'aime beaucoup ce que vous dites de votre maison.

    BM

  • je me dis, si loin plus tard, si loin de tout ce qui était là, que finalement quelque chose avait grandi, qui t'avait poussé à quitter cette demeure de cendrillon, comme tu avais senti qu'il fallait quitter aussi l'autre demeure de chair.. de une tu es devenue deux, puis trois, et l'espace a pris sa place, le volume de ce qui fait ton volume d'espace, de vision, de sensations. Le caillou du bagage est-il encore là, ou sera-t-il remplacé par un rocher innamovible, par un enracinement de plante saisonnière, qui fleurira et fânera au gré des humeurs de la ville?
    A moins que la marie-hélène-l'hermite sente que les murs sont de nouveau trop pressants ...

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