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Textes courts

  • Elle, île

    medium_arton23.jpgElle fait ce qu’elle peut.

    Elle est joyeuse, triste ou émue, triste émue ou joyeuse, joyeuse triste ou émue, sans arrêt, vide aussi.

    Elle est fatiguée des gens, elle est fatiguée d’elle.

    Elle trouve les gens étonnants et elle pleine de ressources. Elle pense que vivre c’est occuper son temps à ne pas mourir. Et puis toujours se persuader qu’elle est vraiment à l’endroit où elle semble être. Elle vit dans un monde différent de celui de Saül avec parfois une passerelle, ou une illusion de passerelle. Elle adore les histoires : celles qu’on lui raconte, celles qu’elle rapporte, celles qu’elle se crée.

    Elle aime Saül, ou elle se force à l’aimer car elle sent que l’histoire commence à peine et elle est curieuse.

    Mais tout ça, c’est sans doute que des foutaises et simplement ce qu’elle veut c’est le sexe de Saül enfoncé en elle, encore et encore, jusqu’à éclore de l’inexistence et clouer un enfant dans son ventre de papillonnante.

    mh,

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  • Une heure, une histoire: "Somethin' Else*"

    someslse.jpg— T’avais dit qu’on arriverait les premiers.

    — Hein ?

    — T’avais dit qu’on arriverait les premiers !

    — Qu’est-ce que j’en sais si on est les premiers ou les derniers ?

    — Oui, mais t’avais dit…

     

    Je la débarque au premier virage. Elle m’ennuie.

     — Descends.

    — Quoi ?

    — Prends ton sac, tu me fatigues.

     

    Je ne la regarde pas. Dans cinq secondes, elle pleure… Ça y est, elle pleure.

     

    — Jéro, t’es pas drôle.

    — …

    — Jéro, tu ne peux pas me laisser !

    — Tu es dans une grande ville. Tu demandes la gare, tu rentres chez toi tranquillement.

    — Mais Jéro, on partait en vacances tous les deux… Qu’est-ce qui te prend ? Je ne dis plus rien je fais ce que tu veux…

     

    Je les connais par cœur les mimiques de mademoiselle, les réactions de mademoiselle, les larmes de mademoiselle, les remarques de mademoiselle. Elle renifle, elle a des sortes de petits gémissements. Elle n’ose pas se mettre en colère. Une pancarte blanche, émergeant d’un eucalyptus magnifique, indique la gare. Les rues sont pleines de monde. À six heures du matin effectivement, j’imaginais qu’on arriverait les premiers.

    ...

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  • Une heure, une histoire: "Roses"

    Mes devoirs : Une histoire en une heure, pas plus pas moins. Bonne lecture !

    J’ai toujours aimé la pluie.

    Aujourd’hui elle ne tombe pas vraiment en averse drue comme je la préfère. Elle vient, puis repart en douce.
    Le ciel est mi-figue mi-raisin, mi-bleu mi-gris foncé et même si j’aime la pluie parfois je me rends compte comme le temps influence mon humeur.

     Yvan est partie à l’aube. Il n’a pas pris de parapluie même pas l’imperméable jaune qu’il affectionne et que je trouve horrible. Il est parti avec un mince pull sur les épaules. Il est de ceux qui font confiance au calendrier. L’été c’est l’été, « je ne vais tout de même pas mettre un pull en été ». S’il meurt de froid dans la journée il ne l’avouera pour rien au monde. J’aime Yvan. Si de cela je suis capable, j’aime Yvan un peu comme la pluie, même comme les averses drues.

     Son existence demeure pour moi un apaisement continuel. Je lui sais gré de réagir toujours avec intelligence et compréhension à mes sautes d’humeur.

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  • le mur mouillé.

    Autrement il faut qu’elle appelle le plombier. L’eau n’arrête pas de couler sous la tapisserie. Elle n’est pas si idiote. : avant de prendre son téléphone  elle va fermer l’eau. 

    Depuis que cela lui était arrivé, elle se perd dans un océan d’interrogations. Tout devrait être plus simple maintenant non ?  Elle s’imagine ça : que maintenant tout doit-être simple.

    La première fois de sa vie qu’elle appelle un plombier. Elle tombe sur une femme qui lui demande de décrire son problème. « Mon mur est tout mouillé, j’ai un problème de plomberie ».

    Il faut vraiment être fatigué pour raconter à un plombier que l’on a un problème de plomberie.
    On ne le réveille pas en pleine nuit pour lui raconter qu’on a mal aux dents.

    Le mur est mouillé mais l’eau ne coule plus.

    C’est drôle la place que cela prend cette histoire de plomberie.

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  • Ce qui m’échoit.

    Je n’écris pas : « à quoi ai-je droit ». Je n’écris pas : « ce que le destin m’a promis ». Je n’écris pas : « ce que je devrais » mais  j’écris : « ce qui m’échoit ».

    Devant, il y a la mer, deux colibris dans la fontaine à colibri, la musique dans mes oreilles.

    Le vent chasse les nuages.

    Quand tu es là mon ami, je me blottis.

    Ensuite, tu pars.

    Alors je…

    Les mondes imparfaits que je construis sont plus sûrs à mes déambulations.

    La vie est une histoire qui m’échappe.

    (c) mh,

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  • La frontière bleue... extrait

    Chaine Pyrenees.JPGun extrait de "La frontière bleue", écrit il y a pffff longtemps. A vous de voir si vous avez envie de lire la suite. Je l'ai retrouvé sur le web. C'est drôle Internet ce que ça garde !

    ============================================

    "Matta travaille, tout près d'un antique water-closet surplombant le ruisseau, perpendiculaire au mur de clôture de "chez" Moune.

    Un bouton manque à la ceinture de son pantalon poché aux genoux. Il porte une série de pulls sur une chemise et un blouson en cuir dont, par endroits, la surface s'émiette. Moune ne l'a encore pas vu vêtu autrement.

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  • Etre le souffle, être l'eau

    1898286977.jpgEtre le souffle, être l'eau
    Suivre le sillage profond.
    Suivre la blessure amère et découvrir ce qu'elle recèle.


    Être dans l'infini de sa complexité et se perdre
    Ne pas savoir où combattre son mal et chercher pourtant
    chercher.
    Observer.


    Écrire pour essayer de retrouver

    Pour être nue.

    Nue jusqu'à ma merveille et ma désolation.
    Nue jusque là


    Qui pourrait me comprendre sans me lire ?
    Mais comment me deviner là où je suis multiple, où l'univers s'étale comme je le reçois
    Où je suis profondément, et où profondément je ne suis pas.

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  • Le rire bleu

    Je ne me souviens plus exactement de la disposition des lieux.

    Si je ferme les yeux un instant, je revois la plus belle chambre sur la droite. Celle avec une large fenêtre qui le matin s’ouvre sur le soleil et les montagnes. Si je me concentre encore, je revois la terrasse de l’autre coté de la maison, pavée d’ardoises au hasard, sur lesquelles la petite table ronde posée de guingois fût le théâtre de petit déjeuner et de dîner devant la ligne bleue de la frontière avec l’Espagne.

    Nous étions là. Il alimentait le feu dans la cheminée. Tentait des préparations culinaires préhistoriques sur la braise. Nous discutions des heures l’un contre l’autre jamais rassasiés de notre proximité. Puis nous nous séparions. J’étalais des huiles parfumées sur mon corps, je m’amusais à tester des recettes de gâteaux au chocolat. Je lisais les vieux livres dans la bibliothèque. Parfois je m’arrêtais sur un passage, je courrais avec mon livre ouvert le rejoindre, dans l’atelier, dehors, je ne sais où, je criais son nom, j’avançais vers lui et je lisais et je relisais. En les partageant, les mots prenaient une lumière plus belle.

    Comment parler du bonheur, comment planter une étiquette devant les choses « ici il s’agit du bonheur ». Je vivais les instants, conscientes du bien-être du plaisir de la chaleur que j’y trouvais. Ces moments ne pouvaient me donner plus que ce qu’ils me donnaient. Je ne pensais ni hier ni demain, je ne pensais plus, je goûtais la félicité. Le matin, je me souvenais qu’il était là. Les draps sentaient la lavande. La fenêtre restait ouverte, les couvertures étaient douces. Il se réveillait, il se tournait vers moi, il m’entourait de ces bras, je sortais d’un cauchemar ou d’un autre. De sottes larmes coulaient au coin de mes yeux. Il ne me demandait pas pourquoi. Il remontait le chemin des larmes avec ses doigts tout doucement.

    La maison est plus petite que dans mon souvenir.

    -Il ne s’agit pas de revenir voir une maison n’est-ce pas ? J’ai demandé.

    -Je… je voulais savoir… Je voulais savoir si nous étions capables de revenir ici ensemble, il a répondu simplement.

    -Oui, nous y sommes, nous sommes capables.

    -Tu crois que c’est triste de ne plus s’aimer ?

    -Ce qui serait triste, ce serait de ne pas avoir su s’aimer.

    -On est là comme deux couillons devant cette maison qu’ils vont vendre.

    -Ce n’est qu’une maison.

    -Tu veux me dire pourquoi là tout de suite je me sens si bien ? Demande-t-il avec un sourire doux qui remonte les coins de ses lèvres finement ourlées.

    Il prend ma main. Il l’embrasse. Il se dirige vers sa voiture. Je regarde mes montagnes. Une pie manque de se casser la figure sur la branche fragile d’un pommier, j’éclate de rire toute seule dans la brise pyrénéenne.


    mh,


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