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Le rire bleu

Je ne me souviens plus exactement de la disposition des lieux.

Si je ferme les yeux un instant, je revois la plus belle chambre sur la droite. Celle avec une large fenêtre qui le matin s’ouvre sur le soleil et les montagnes. Si je me concentre encore, je revois la terrasse de l’autre coté de la maison, pavée d’ardoises au hasard, sur lesquelles la petite table ronde posée de guingois fût le théâtre de petit déjeuner et de dîner devant la ligne bleue de la frontière avec l’Espagne.

Nous étions là. Il alimentait le feu dans la cheminée. Tentait des préparations culinaires préhistoriques sur la braise. Nous discutions des heures l’un contre l’autre jamais rassasiés de notre proximité. Puis nous nous séparions. J’étalais des huiles parfumées sur mon corps, je m’amusais à tester des recettes de gâteaux au chocolat. Je lisais les vieux livres dans la bibliothèque. Parfois je m’arrêtais sur un passage, je courrais avec mon livre ouvert le rejoindre, dans l’atelier, dehors, je ne sais où, je criais son nom, j’avançais vers lui et je lisais et je relisais. En les partageant, les mots prenaient une lumière plus belle.

Comment parler du bonheur, comment planter une étiquette devant les choses « ici il s’agit du bonheur ». Je vivais les instants, conscientes du bien-être du plaisir de la chaleur que j’y trouvais. Ces moments ne pouvaient me donner plus que ce qu’ils me donnaient. Je ne pensais ni hier ni demain, je ne pensais plus, je goûtais la félicité. Le matin, je me souvenais qu’il était là. Les draps sentaient la lavande. La fenêtre restait ouverte, les couvertures étaient douces. Il se réveillait, il se tournait vers moi, il m’entourait de ces bras, je sortais d’un cauchemar ou d’un autre. De sottes larmes coulaient au coin de mes yeux. Il ne me demandait pas pourquoi. Il remontait le chemin des larmes avec ses doigts tout doucement.

La maison est plus petite que dans mon souvenir.

-Il ne s’agit pas de revenir voir une maison n’est-ce pas ? J’ai demandé.

-Je… je voulais savoir… Je voulais savoir si nous étions capables de revenir ici ensemble, il a répondu simplement.

-Oui, nous y sommes, nous sommes capables.

-Tu crois que c’est triste de ne plus s’aimer ?

-Ce qui serait triste, ce serait de ne pas avoir su s’aimer.

-On est là comme deux couillons devant cette maison qu’ils vont vendre.

-Ce n’est qu’une maison.

-Tu veux me dire pourquoi là tout de suite je me sens si bien ? Demande-t-il avec un sourire doux qui remonte les coins de ses lèvres finement ourlées.

Il prend ma main. Il l’embrasse. Il se dirige vers sa voiture. Je regarde mes montagnes. Une pie manque de se casser la figure sur la branche fragile d’un pommier, j’éclate de rire toute seule dans la brise pyrénéenne.


mh,


Catégories : Textes courts 2 commentaires Imprimer Pin it! Lien permanent

Commentaires

  • Bjr,

    Le commentaire qui suit n'est pas à appliquer au "rire bleu" mais à la "lettre de mh".... mais je n'ai pas trouvé de place pour un commentaire sous la-dite note.... ;-)
    Stupide "mh" que je suis....

    Donc, juste pour dire que j'étais auparavant une MH, et même une MHS, et même une MHRS, lorsque j'étais mariée la 1ère fois; en me remariant j'ai décidé d'être une MHSP (plus jamais d'initiale entre MH et mon "nom de jeune fille"...)

    Mais ici, une fois pour toutes, je suis et serai PPG !

    Et , finalement, j'en suis super contente.
    Mais, pour autant, je sais que MH, MHS et la nouvelle MHSP ne sont pas vraiment mortes... PPG les oblige seulement à fermer leur grande bouche pendant qq temps...

    Bref, pour ne pas trop polluer ton espace, je te remercie de m'avoir fait (sans le savoir) ce clin d'oeil plein d'humour. Je m'en vais de ce pas lire petit à petit tes archives. Peut-être me reconnaîtrai-je autrement que par deux initiales...

    Je te souhaite le meilleur dans tous les domaines.
    PPG.

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