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Genèse: Famille en instance (2004)

famille,échographie,ovules,enceinte,attendre un enfantDans la famille E.I., il y a :

- mh, tuite ans, en instance de devenir la nouvelle écriveuse des temps moderne et/ou la future gagnante du gros lot au loto national, mais qui se fait tellement peu d’illusion qu’il lui arrive le plus souvent de ne pas écrire et tout le temps de ne pas jouer.

- Il y a le "c et t" tuite ans, en instance d’être DJ compositeur à la mode, mais comme « mh, «  ne supporte pas les musiques électroniques, l’échéance de son être au monde est repoussée à une date ultérieure,

- Et il y a mademoiselle X, en instance d’être, dont les progrès technologiques nous ont révélé l’existence par le biais de quelques photographies mystérieuses ou l’humain lambda reconnaît nettement des pieds, des mains un profil, un corps minuscule qui s’avère être celui d’une fille.

L’intérêt de la chose sera décuplé lorsque la mise au monde aidant, « si Dieu veut », comme dirait ma grand-mère de l’Est, tout ce monde cohabitera dans une inconnue félicitée familiale.

L’idée de famille là (en tant que génitrice) n’est pas complètement dégoûtant pour mh, mais lui est parfaitement inconnu.

Tout cela lui semble d’un incongru dont le commun des lecteurs n’a pas la pointe d’une idée. De là où elle se trouve, cette idée de famille (mon dieu pitié misère même à la troisième personne j’ai du mal) lui semble aussi étranger que le plongeon imminent dans la fosse grouillante d’une brousse sud américaine, bien fourmi en bestiaux de tout genre.

C’est que, de là où je me trouve, oui moi ; ne demeurons pas plus longtemps dans un trouble anonymat. Donc ce que je disais, je me sens devenir petit à petit par le biais de l’évolution de ma courbe de poids et de l’évolution de ma vie avec l’Homme, l’autre cet inconnu, et la souris fille là qui pousse, j’ai l’impression donc d’être un Indiana Jones noyée dans une jungle d’émotions et de sentiments contradictoires envers tout ce (ceux) qui m’entourent et d’être complètement perdue dans la pyramide (nan le lapsus est étrange la pyramide pffff… le labyrinthe obscur de moi-même.

Dites, je vous ai parlé du chat ? Comment aurais-je oublié le chat ? Partie prenante de cette famille pas si particulière que cela vu qu’il doit bien y en avoir 1 petit milliard sur terre. C’est que je ne suis pas habituée c’est tout. Je passe de la statistique de célibataire endurcie à la statistique de famille. Avant de passer peut-être un de ces jours à la statistique de célibataire à nouveau sous des noms plus souffreteux comme divorcée, ou concubinée ou décoquillée ou… j’en passe et des meilleures. Penser que moi, MOI je puisse faire partie d’une quelconque statistique à le don de me faire sortir de mes gonds. Bouerf finalement non. Pas sortir de mes gonds. Pas sortir de rien. Je m’observe en train de me transformer en madame Michu de tant à autres ou en madame mère de famille (MONE DIEU) ou madame MAMAN ou madame qui a sacrifié son don d’écrire ses futurs gains au loto, son célibat sa liberté, son bordel, ses habitudes de noctambule invétérée…sa… j’en passe et des meilleures, tout ça pour combler un vide existentiel : « comment ça t’as pas d’enfant ? Mais on est pas une vraie femme quand on a pas d’enfant »... Et si et là. Je serais donc restée sur la pente de la folie douce et du célibat forcenée si le hasard n’avait mis sur la route quelques spermatozoïdes de bonne constitution.

En un temps finalement très court me voilà propulsée du pays ou l’on ne ne reproduit pas où l’on se suffit de son petit soi-même (pourquoi petit !) à la contrée sauvage, à la brousse inexplorée, (en tout cas par tout ce qui fait que je suis qui je suis) de « moi je aussi je fais un petit », une petite même puisque c’est de cela qu’il s’agit.

Je pourrais envisager d’emprunter l’expérience des milliards de femmes sur la planète qui ont vécu ces moments depuis la nuit des temps.

L’expérience s’emprunte aussi peu, même bien moins qu’un livre. Je ne peux pas parcourir l’expérience et croire un instant qu’elle est mienne. Pas possible. Je ne savais pas ce que c’était d’avoir un autre être humain dans mon ventre. Là je suis en plein dedans… euh enfin c’est lui (elle) qui est en plein dedans. Puis il y aura l’expérience des mois qui passe, l’expérience de la naissance (si Dieu veut comme dirait ma grand-mère) l’expérience de cet inconnu. L’expérience du bonjour, à la planète, l’expérience: "pourquoi je n’ai pas droit de le passer par la fenêtre s’il pleure ?" l’expérience personne ne m’aime il préfère tous le poids plume de 3 kilos à la grosse mh,  fatiguée. L’expérience de la taille de mes seins, l’expérience de devenir un biberon humain, l’expérience d’aimer quelque chose que j’ai fait moi et qui est vivant l’expérience de…

Toutes ces expériences là. Je suis fatiguée rien que d’y penser. Je vois ma mère telle une déesse tutélaire venir corriger ma copie: "tu as vu toutes ces répétitions ? Tu as écrits au moins dix fois « expérience » dans ma même phrase et les fautes !!!".

Je pourrais l’écrire 50 fois qu’elle serait toujours aussi nouvelle. Je pourrais créer un style littéraire ainsi qu’en enfant. 50 fois le même mot dans une phrase. 50 fois bébé expérience naissance peur fuite transformation vie vie vie…  Il vit ! Comme dans ce livre si frappant d’Oriana Fallacci (plus à la mode en ce moment). Cet homme-là qui venait de mourir et tout ces gens qui disait lors de son enterrement « il vit ». C’est Oriana Fallacci aussi qui écrit : « Lettre à un enfant jamais né » parce que cet homme torturé par les colonels en Grèce, lui avait donné un coup dans le ventre.

Je pensais à ça aussi, cet enfant cette puissance d’être: il sera ce que je ne sais pas ce que je suis, ce que son père ne sait pas qu’il est plus tout ce que lui apporte nos ADN réunis. Je ne dis rien de la conjonction des planètes, de la conjecture des temps, Il portera non pas ce que nous lui disons d’être mais ce que nous lui montrerons que nous sommes, ce qu’il ressentira que nous sommes, ou plutôt c’est de cela aussi et primordialement peut-être qu’il sera nourri. Il portera le train complet de nos inconsciences, et de nos consciences et de celles des nôtres avant nous à travers nous.

Le chat dort comme un bienheureux sur le dossier du canapé. J’écoute “The Lark Ascending "Williams Vaughan. Tout à l’heure mon ventre bougeait comme s’il y avait tempête. Quelle heure est-il ? Je bois le thé chaud du thermos. Parfois je me sens vide de tout ce qui me faisait pleine auparavant, avant ÇA. Parfois je me sens vide de cela et pourtant je n’en suis pas en manque je ferme les yeux, je dors ou rien, rien. Les arbres bougent, il pleut. Le chat prend mes orteils pour cible. Je me demande s’il faut que j’arrose le bonsaï et s’il est bien normal que le persil frisé sorte si lentement de terre…

Demain existe ?

Comment serais-je cette inconnue que je n’imagine même pas ?

Que je suis incapable d’imaginer...

 

mh, (2004)

Catégories : La lettre de mh 4 commentaires Imprimer Pin it! Lien permanent

Commentaires

  • Et voilà ... dix ans plus tard, si peu de choses ont changé. La ninette n'a pas de petit frère (c'était son rêve, non ?), le chat est grabataire, le C&T court par monts et par vaux, et l'écrivaine reste vaine devant sa feuille, puisque son premier livre n'est pas sorti. Sa seule consolation, c'est la permanence de celles et ceux qui l'aiment, qui l'admirent(ben quoi ?), et qui se languissent de voir sa photo en couverture d'un livre (c'est mon cas). Le bonzaï, s'il n'a pas sauté par la fenêtre pour échapper au chat, attend son arrosage du soir...

  • j'aime beaucoup ce texte ma belle! et tu sais quoi? au bout de 1à ans d'absence, je pars en Guadeloupe le 13 juin, youpie, marre de la grande ville, du stress, de l'agitation, ravie à l'idée de retrouver les amis, curieuse de découvrir les changements, dans l'espoir aussi de finir 2 bouquins au calme de la nature antillaise, et au début d'une nouvelle vie, j'ai tout changé depuis début février. Je t'embrasse.

  • Contente pour toi !
    J'ai un truc aussi un peu gros à finir, mais je n'arrive pas souvent à trouver l'énergie pour le faire, et ce fameux "à quoi bon "qui me poursuit...
    Belle route à toi.

  • On a tous un "truc un peu gros à finir", et plus on vieillit, plus on hésite à se botter les fesses pour se mettre en route. Et puis un jour "ça" arrive, on y va, et après, la seule chose qu'on regrette, c'est de ne pas l'avoir fait plus tôt. L'à quoi bon est toxique, il nous empêche de voir qu'au bout de nous-mêmes il n'y a rien d'autre que ce que l'on laissera pour la postérité: traces écrites, peintures, constructions, œuvres, et surtout, surtout, toutes les traces d'amour qu'on aura gravé dans les âmes. Alors courage, MH, la ninette, les autres et moi aussi, nous attendons de toi ce pas franchi qui fera TA trace dans le futur...

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