(un vieux texte de saison extirpée des archives)
C'est pas bientôt fini la canicule ?
Il faut dire qu'au septième la canicule à Paris...
J'ai noué autour du ventilateur, un foulard en coton extrêmement fin, mouillé et imbibé d'huiles essentielles de citron et d'oranger. Il diffuse les effluves en même temps que son souffle, amoindri par l'étoffe.
J'ai déroulé les stores, sur la rampe du mini balcon. Un quartier de citron lime embelli et parfume la carafe d'eau, posée à-coté d'un joli verre en cristal gravé (le seul) sur la petite table orange. Je ne bouge pas beaucoup. Je travaille sur Ivanhoé. Je tire des plans sur la comète, prépare des cours pour la rentrée, écris des lignes. J'attends la nuit. Je me douche 6 fois par jour. De temps en temps je m'enduis d'huile parfumée, Ylang Ylang ou Camélia.
J'ai ressorti de mon fatras d'armoire une vieille veste chinoise en coton un peu usée et un pantalon en lin fin et tout mou. Lavés et parfumés à la lavande, ils m'habillent d'une garrigue à l'aube, fraîche de rosée. Si je ne supporte pas la veste chinoise, je boutonne une chemise militaire manche courte et stature étroite qui doit dater de l'époque où mon père était en Indochine. Est-ce vrai ? J'aime me l'imaginer.
Histoire de croire que mon quartier est un village au bord d'une mer transparente et calme ; que dans cette mer, des poissons en couleur nagent entre les pieds ; je descends acheter du pain et du chocolat un paréo noué sur les hanches sous la chemise militaire. La boulangère ne comprend pas que je persiste à acheter du chocolat noir par cette chaleur. Pour changer de sujet, je lui raconte que la plage est tout près de nous sur le boulevard Arago. Qu'à force de l'imaginer, les prisonniers de la Santé l'ont créée. Elle s'explique mieux le paréo, me donne ma barre de chocolat sans autres commentaires et me souhaite une bonne baignade en riant franchement.
Des gens que je connais me disent se promener quasiment nus dans leur appartement. Ils se déferaient bien de leur peau s'ils le pouvaient. Ils ne parviennent cependant qu'à soupirer en s'agitant " qu'est-ce qu'il fait chaud qu'est-ce qu'il fait chaud ! ". S'ils savent le pouvoir de la météo, ignorent-ils le pouvoir de suggestion des mots ? Pourquoi s'infliger cette plainte continuelle en plus de la canicule ?
Le soir tombe. Je vais boire un verre avec une amie dans un café à l'ombre. Ressemblons-nous aux autres clients, exténuées de chaleur qui, comme des fleurs d'un jour, penchent leur tête fragile avant de mourir ?
Pauvres parisiens que nous sommes si peu accoutumés à la chaleur. Emprisonnés dans des vêtements inadéquats, nous peinons dans la ville, les yeux piquants d'une conjonctivite de pollution. Bientôt nous serons les premiers à râler de l'orage, de la pluie qui lavera l'air et le ciel de Paris.
Le beau ciel bleu gris de Paris.
mh,
Commentaires
Bonjour !
Sympa ton blog et contente de ta visite sur le mien... Merci pour ton com, l'énergie nous n'en manquons pas... et on a rien sans rien. J'ai fais un article spécial pour toi pour répondre à ta question... http://famillenature.over-blog.com/article-488348.html
Bisous !!
Hey !
Je confirme le précédent commentaire : sympa ton blog ! T'as une bonne plume : une écriture épurée, des mots bien choisis, très justes. Un style qui me plaît !
Bonne continuation !