Pourquoi les idées me viennent-elles le plus souvent sous la douche, lorsque je suis pleine de savon ?
Certes, cela vaut mieux qu'une coupure d'eau.
Mais imaginez que je ne fasse pas partie de ce tiers de la population mondiale bénéficiant de l'eau courante ? Là, vous liriez autre chose, et moi ailleurs, je puiserais l'eau avant de me laver précautionneusement avec une eau rare dont chaque goutte sur ma peau me ferait l'effet d'un miracle.
Je me souviens, quand j'accompagnais ma grand-mère au lavoir. Il y en avait cinq ou six dans ce village de trois cent habitants où mes parents vivent encore.
B. est situé non loin du fleuve Adour, et est traversé d'un canal et de nombreux ruisseaux. Il reste deux lavoirs je crois.
Je sais encore amorcer une pompe comme celle qui se trouvait sous l'escalier menant au grenier dans ma maison d'enfance. L'eau était toujours fraîche. Les enfants prenaient leur bain dans un grand baquet en fer posé devant la cuisinière à bois et, rempli grâce à des brocs d'eau chaude puisés dans une lessiveuse.
Nous savions la chance que nous avions: un canal passait en lisière du jardin et pour irriguer celui-ci, il suffisait de remplir les arrosoirs, les brocs, les seaux, de les porter jusqu'aux travées de tomates aux lignes de haricots verts et de les verser lentement. L'eau coulait en rivière dans les sillons. À la fin, à force d'arroser ce grand jardin ou plutôt, d'aider nos grands-parents à l'arroser nous avions mal aux bras.
L'eau n'a pas été coupée. Dans le rayon de soleil passant par la petite fenêtre, elle rebondit en diamant sur mes épaules mes bras, sous la douche.
L'endroit de la magie est tout autour.
......
mh,