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Me vouloir...

— Dis Jorge, pourquoi je ne dessinerais pas maintenant ?

Jorge, n’a pas pris de vacances. Il hante ses anciens amis. Il partage ses humeurs et sa rage de nouvel abandonné : qu’une femme, n’importe laquelle puisse le quitter ce n’était même pas concevable de son point de vue, mais que celle qu’il avait choisie, le laisse en plan pour partir voir le monde….

— Avant ou après la couture, mh ?

— Et aussi, et aussi !

— Dis-moi plutôt ce qui t’empêche de te remettre à écrire.

— Qu’est-ce que tu veux dire ? Pourquoi tu me parles comme ça ?

— Tu le sais très bien mh, c’est ce que tu sais le mieux faire. T’en as pas marre de rater des robes et des dessins de te contenter, même ton boulot… Tu te poses en « madame Michu » comme tu dis parce que c’est plus facile.

— Qu’est- ce que tu sais de ce qui est le plus facile ? Pourquoi ce serait mieux d’écrire que de rater des robes ! J’espère que ce n’est pas ce que je sais le mieux faire. Ce que je sais le mieux faire c’est…  C’est m’imprégner…

— Je m’en vais mh, tu me fatigues.

J’ai bu lentement mon thé, tandis que Jorge se dirigeait vers la porte.

Il me restait des mugs en porcelaine fine de ma vie d’avant. Il y a des années, Jorge a cassé le premier, je me suis chargée des suivants, un à un, les regrettant tous. Je tente une nouvelle collection : mugs anglais toujours ornés d’oiseaux, des fleurs, des chats. Peut-être, je réussirai à croire encore que je ne peux pas vivre sans écrire.

— Dis-moi seulement pour qui, est-ce que j’écrirais ! J’écris si ON ME VEUT Jorge, j’écris si si…

Il était sur le pas de la porte ou je l’avais suivi. Il a commencé à se retourner. Quelque chose d‘immense en moi a claqué la porte trop fort, comme pour effacer à jamais, celui qui était mon ami, de la surface de la planète.

 

mh,

Catégories : La lettre de mh 1 commentaire Imprimer Pin it! Lien permanent

Commentaires

  • On commence à écrire pour soi, comme tu l'as fait pendant des années. On se dit un jour que ça pourrait "le faire" pour d'autres, surtout celles et ceux qui on été séduit, les quelques voix, les quelques mots d'encouragement qu'on a reçu, qui donnaient l'illusion de croire qu'on était lisible ... Mais non, nom de nom ! on écrit encore pour soi, pour calmer cette faim de se dire, avec la façon avec laquelle on veut le dire, avec le duende que tu as si souvent revendiqué, avec nos rognes et nos tournures qui nous font "nous", ce que nous sommes, ce que nous fictionons d'être. Tant pis pour la porte prise dans la figure, elle n'a pas été la seule que tu as claquée, mais peu importe, la liberté est à ce prix.

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