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jorgue - Page 2

  • Le retour de Jorgue.

    bourguignon.jpgTandis que le « c et t » gagne son pain à la sueur de son front, j’ai invité Jorgue à un déjeuner des plus frugal : Les restes du bourguignon d’hier soir, un roquefort à tomber et du pain fait de mes blanches mains, vaguement aidée pour le pétrissage, par la machine à pain.
    - On se voit en cachette ?
    - Non, je n’ai pas dis que tu venais c’est tout.
    - Il est bizarre ton mec.
    - … Paraît qu’on a les hommes qu’on mérite.
    J’enlève le couvercle de la cocotte en fonte. Le fumet du bourguignon qui a cuit tout doucement trois heures, envahit la pièce.
    - Je crois qu’on va se régaler, dit Jorgue.
    - Merci. Et toi tes femmes ?
    - Quoi mes femmes, je suis amoureux depuis 4 ans ? Tu as oublié ?
    - Non.
    J’ai servi Jorgue. J’ai installé les assiettes sur la table basse du salon. J’ai l’impression de pique-niquer en douce. Ça m’agace.
    - C’est bon mh,
    - C’est drôle de se revoir après tant de temps. Tu as un peu grossi.
    - Eh ! Toi aussi.
    - Oui mais toi, ça te va bien.
    Jorgue hausse les épaules.
    - Je vais vivre avec elle.
    - Il t’a fallu trois ans pour te décider ?
    - Pas moi mh, elle. Il lui a fallu trois ans pour se décider.
    - …
    - C’est bizarre non ?

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  • Parleuses

    - Ce que les hommes ne comprennent pas c'est cette peur, me disait Lalo brusquement sérieuse entre deux fous rires.
    - Alors la vie ?
    - Cachets contre la déprime, régime contre la graisse, et peinture pour l'amour de l'art.
    - Je ne te parle pas…
    - Des hommes ? Des enfants ? Non. Je suis de la " génération perdue ".
    - Lalo, arrêtes !
    - Tu t'es goinfré de chocolat t'a explosé ton compte ? Racontes.
    - 2 pantalons 4 tee-shirt, babioles, chaussures, bouquins…euh c'est tout. Mais des prix TRÈS raisonnables. Et toi ?
    - 3 parfums, quelques DVD d'opéras, cd, j'attends la fin du régime pour le reste.
    - Ma mère dirait : " Qu'est-ce qu'il vous restera pour la retraite ? "
    - L'arsenic.
    - Où est-ce que tu crois qu'elle est l'île ?
    - Quelle île ?
    - L'île de ta voyante, celle où elle avait prédit qu'on irait toutes les deux.
    - C'est l'île du téléphone ma cocotte. Et Jorgue ?
    - Il fait gravure de mode avec une créature.
    - mh, Jorgue fera toujours sa gravure de mode, c'est tout ce que tu peux en attendre. Ça ne l'empêche pas d'être extrêmement comestible…
    - Tsss !
    - Et l'autre
    - Quel autre ?
    - Maintenant c'est : " quel autre " ?
    - J'ai reçu plein de fleurs très jolies.
    - Tu vois !
    - Les fleurs, quand le type qui va avec compte les kangourous aux antipodes, tu m'expliques les trucs exotiques que tu peux en faire ?
    - Tu as des visions pour l'avenir ?
    - Eh ?
    - Des projets quoi.
    - Je me verrais bien vider la demi-bouteille de rhum dans un cake.
    - Déconne pas, je fais régime.
    - Au bout d'un téléphone on ne grossit pas
    - Après-demain c'est fête : je monte à Paris, on danse jusqu'à ce qu'on tombe.
    - Vrai ?
    - Oui parfaitement.
    - Bon le rhum vieux , je réfléchi avant de le mettre dans le cake.



    mh,



    Se faire belle est un rituel sérieux. L'étoffe n'est pas un simple tissu, c'est une matière de chose. C'est à cette étoffe qu'avec mon corps je donne corps. Ah, comme un simple morceau de tissu peut-il acquérir tant de vie ? Mes cheveux aujourd'hui lavés et séchés au soleil de ma terrasse, sont en soie la plus ancienne. Belle ? Pas le moins du monde, mais femme. Mon secret que tout le monde ignore, y compris mon miroir : femme.
    …..
    " La découverte du monde " Clarice Lispector

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  • Beau temps l'hiver.

    L'air est glacé dehors et le mug de thé dans ma main, brûlant. Un beau soleil sur Paris et un ciel bleu sans fin au-dessus des immeubles.

    Ivanhoé ronronne. C'est tout ce que j'entends avec le bruit de quelques voitures sur le boulevard et le frottement de mes pieds nus sur le plastique noir de ma nouvelle chaise de bureau. Je crois que contrairement à ma première impression d'après fête j'ai grossi. Je croque un énième carré de chocolat pour me consoler. Comme disait Anaïs Nin à la fin de sa vie : le bonheur est dans les petites choses.

    À l'autre bout de la ville une amie vient de finir ses deux heures de gym et me raconte qu'elle fait mieux que ma douche écossaise du matin elle se douche intégralement du début à la fin et tous les jours que Dieu fait (si Dieu à quelque chose à voir avec la création des jours) à l'eau froide. Je la félicite de son courage et l'idée de la peine qu'elle s'inflige hérissent les poils de mes avant-bras.

    Hier, j'ai bricolé un pêle-mêle des photos d'humains que j'aime. Après avoir allumé une bougie qui sentait le pain d'épice, je me suis installée dans mon canapé, un plaid sur les jambes pour lire un policier. Le texte ne me captivait pas. J'ai levé la tête. Je me suis demandée où j'allais caser les piles de livres qui s'étaient reformée entre le divan et le gros fauteuil. J'ai laissé errer mon regard d'un coté à l'autre du studio et me suis soudain sentie envahie d'un plaisir casanier.

    - Et si tu les revendais à ton bouquiniste ? Suggéra Jorgue passant en coup de vent récupérer une boite de fois-gras ramenée pour lui de ma campagne.

    - Mes livres chez le bouquiniste ?

    Si je n'avais pas de respect pour les préparations culinaires de mes amis du sud-ouest, je lui aurai volontiers envoyé la boite à la figure. Dire que son contenu va finir dans l'estomac d'une des créatures que fréquente Jorgue !

    Mon ami a disparu trop vite pour que je puisse engager avec lui une conversation satisfaisante. Il avait le visage gai et l'air carnassier des grands jours et des nouvelles rencontres.

    Des livres tout frais chez le bouquiniste... Quelle idée ! Je vais trouver une place, tapisser mes murs, monter des colonnes de papier. Il y a dans l'avenue des Gobelins un photographe dont le magasin est rempli à tel point (c'est à voir !) qu'il reçoit les clients sur le pas de sa porte ouverte. Non je n'irais pas jusque là. Oh ! Et puis pourquoi y penser ! Là, au chaud avec Ivanhoé et le thé fumant dans ma tasse, le moment et aussi doux que mes préoccupations du jour.

    Profitons-en profitons-en !

    mh,

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  • Chaud – froid* de mh

    Il pleut. Je pourrais dessiner des bonhommes sur la fenêtre en face du fauteuil tellement il y a de buée sur les vitres. Au travers, j’aperçois le ciel gris noir. J’entends le bruit des voitures. Ivanhoé ronronne sur mes genoux. Un carré de chocolat, et des mandarines font parvenir des effluves agréables jusqu’à mon nez à peine bronzé. Je ne vais pas tarder à aller chercher un mug de thé rouge encore chaud dans la théière en forme de crapaud sur la plaque électrique.

    - Alors ces vacances ?

    - Tu as des nouvelles de Rachel ?

    - Oui mais toi tes vacances ? Tu as vu ce temps pourri. Depuis un mois il fait mauvais. Presque depuis que tu es partie… On voit bien que tu reviens de vacances tu as sans arrêt un sourire un peu imbécile sur le visage.

    - Ah oui ?

    - Tu sais ce que tu es mh, une égoïste. Juste une petite carte en un mois et là tu es muette comme une carpe.

    - Qu’est-ce que je suis bien, Jorgue !

    - Hein ?

    - Tu crois qu’écrire c’est jouer du piano sur le clavier ?

    Jorgue pose une main médicale sur mon front et se baisse pour observer mes prunelles.

    - Tu n'as pas assez dormi mh.

    - Ou j’ai trop mangé de bananes…

    - Tu me racontes où je t’assomme ?

    - L’eau était transparente et dessous, j’ai vu des poissons de toutes les couleurs, mais mon masque prenait l’eau alors si la mer bougeait un peu, ça me piquait les yeux et je ne voyais plus rien !

    Jorgue me regarde et se tait. Il serre sa bouche en cul de poule. Cela ne lui va pas bien.

    - Tu es une grande dingue mh.

    - T’es jamais content. Je te raconte et tu me dis que je suis folle !

    Jorgue s’assied sur le canapé tout mou et consent à boire du thé rouge. Il pousse un soupir. Il lâche d’une voix désespérée :

    - Vas-y, je t’écoute.

    Comment puis-je, en quelques mots en une dizaine de phrases, avant qu’il ne se lasse ou me traite à nouveau de folle.

    - Sur la plage où j’allais avec ma tante, des rochers noirs s’avançaient dans la mer à gauche. Entre les rochers noirs et le sable blanc de la plage il y avait un trou d’eau transparente, comme une piscine. Parfois nous étions presque seules. Juste quelques mères avec leurs touts jeunes enfants. Des pères qui apprenaient à nager à de plus grands. Moi qui me laissais regarder par les poissons avec mon masque jaune qui prenait l’eau et le tuba qui ne tenait pas. Sur la plage, les arbres se penchaient vers l’eau comme pour nous abriter du soleil. Je regrette le hamac que je n’y ai pas accroché…

    Jorgue ne fait plus de grimace. Il vient de boire une gorgée de thé rouge. Le mug qu’il serre dans sa main gauche semble y disparaître. Il ne me regarde plus l’air pincé. Ses yeux sont fermés.

    - Je t’ennuie ?

    - Continues mh et ne m’agace pas.

    Je pose Ivanhoé sur le bureau et je vais m’asseoir sur le canapé près de Jorgue.

    - C’est vrai tu veux bien, je ne t’agace plus ?

    Jorgue pose le mug sur la petite table pliante orange, et prend ma main dans la sienne encore chaude.

    - Non mh.

    - Je suis contente d’être revenue.

    - Tu m’as manqué, dit Jorgue.

    Puis il plaque une bise bruyante sur ma joue pâle d’étrange vacancière et se lève comme si ma peau l’avait brûlé.

    _________________________________

    *Chaud-froid n. m. Volaille ou gibier cuit, servi froid, nappé d’une sauce à base de gelée. Des chauds-froids. (Hachette)

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