Mon meilleur ami pose son pc portable sur ses genoux. Il a hésité un instant devant la table ronde, mais l'inconfort des chaises l'a résolu à installer son attirail et lui-même dans le canapé. Nous travaillons dans la petite pièce. Il froisse du papier. Je frappe les touches d'Ivanhoé. Je suis tranquille.
- Qu'est-ce que tu fais ?
- J'écris un texte de la lettre et toi ?
- Je finis une étude pour un client.
- Ça te plait ?
- Oui et toi ?
- Oui... tu aimes " mh " ?
- ...
J'ai cessé d'écrire. Mon meilleur ami, qui ne voit que mon dos du canapé, demeure silencieux.
- Tu me demandes si je t'aime ?
Je me tourne vers mon ami.
- Non non ! Non je... je voulais juste te demander si tu aimais la " mh " que j'écrivais.
La lettre de mh - Page 3
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Papier
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Homme : Concept.
Finalement je n’avais pas bien saisi le concept.
Dès que nous nous sommes installés ensemble, mon C ET T a perdu le chemin de la cuisine, elle n’était pas loin à l’époque, disons à 5 ou 6 mètres de son ordinateur et de ses platines.J’aurais dû être alerté quant à ces capacités de déplacements dans l’espace.
Lorsque à la naissance de la puce, il n’a pas assisté au mode d’emploi d’une baignoire avec une enfant dedans, j’ai eu peur qu’après la cuisine, il ne perde la salle de bain.
Disons qu’il s’agit davantage d’une perte de repères très dépendantes des cris de l’enfant et de l’état de nerfs de la mère.
Ce n’est pas si grave.
Lorsqu’il s’agit de s’atteler à des tâches spécifiquement masculines, enfin dans l’inconscient collectif et beaucoup dans le sien, il ne se dérobe pas. Il est même pointilleux à l’extrême.
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Genèse: Famille en instance (2004)
Dans la famille E.I., il y a :
- mh, tuite ans, en instance de devenir la nouvelle écriveuse des temps moderne et/ou la future gagnante du gros lot au loto national, mais qui se fait tellement peu d’illusion qu’il lui arrive le plus souvent de ne pas écrire et tout le temps de ne pas jouer.
- Il y a le "c et t" tuite ans, en instance d’être DJ compositeur à la mode, mais comme « mh, « ne supporte pas les musiques électroniques, l’échéance de son être au monde est repoussée à une date ultérieure,
- Et il y a mademoiselle X, en instance d’être, dont les progrès technologiques nous ont révélé l’existence par le biais de quelques photographies mystérieuses ou l’humain lambda reconnaît nettement des pieds, des mains un profil, un corps minuscule qui s’avère être celui d’une fille.
L’intérêt de la chose sera décuplé lorsque la mise au monde aidant, « si Dieu veut », comme dirait ma grand-mère de l’Est, tout ce monde cohabitera dans une inconnue félicitée familiale.
L’idée de famille là (en tant que génitrice) n’est pas complètement dégoûtant pour mh, mais lui est parfaitement inconnu.
Tout cela lui semble d’un incongru dont le commun des lecteurs n’a pas la pointe d’une idée. De là où elle se trouve, cette idée de famille (mon dieu pitié misère même à la troisième personne j’ai du mal) lui semble aussi étranger que le plongeon imminent dans la fosse grouillante d’une brousse sud américaine, bien fourmi en bestiaux de tout genre.
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La valse.
mh, se regardait dans le miroir.
Elle scrutait les rides au coin de ses yeux.
Feu follet, évanescence d'humaine, elle se retrouvait à raconter une vie, devant tout le monde.
Elle ne savait plus si elle était celle-là ou celle-ci.
Je suis mh dans le miroir avec les rides au coin des yeux.
J'habite la tanière de mh, j'écris sur cet Ivanhoé qu'elle utilise.
Seule sous la musique, mes doigts caracolent sur les touches du clavier. Je trouverai toujours une douceur et une mélancolie obstinée à raconter des histoires.
Je voudrais plonger là. Là est un secret. Je voudrais m'installer dans la lumière orange.
mh seule sous la musique. mh, fourmi dans la fourmilière.
Je suis mh dans le miroir à la peau fragile, au pull noir, aux boucles d'oreilles dorées. La musique au-dessus, la lampe de bureau 1930.
Si je l'écris est-ce que vous me croirez ?Une valse à l'endroit une valse à l'envers.
Dites-moi dans quels bras je danse.
Dites-moi s'il y a des bras et si je danse.
(c) mh, -
Eloge de la poudre.
C’est blanc.
Ça vous rend euphorique le matin avant d'accompagner la ninette à l’école.
Il vous en faut peu pour être heureuse.
Vous n’en revenez pas d’avoir découvert ça si tard.
Vous êtes prête à succomber à l’extase de la poudre et à tester tous ses magiques pouvoirs.Quand vous saurez ce que c’est, vous me prendrez :
1) Pour une cinglée
2) Pour une droguée d’un nouveau genre
3) Vous tournerez vos pas en claquant la porte : Pas toi quand même mh, pas TOI !!! -
Le cru et la pluie (re-publication de la première LMH)
- Lâche moi mh, je ne vais pas m'envoler !
- Tu marches trop vite.
Il pleut. Si j'avais écouté Jorgue nous aurions pris le bus ou un métro ou pire un taxi.
- T'es trop grand Jorgue. Il ne m'abrite pas du tout ton parapluie.
- Prends-le.
- Si je le prends je vais t'éborgner ; tu seras de mauvaise humeur.
Jorgue soupire. Nous remontons Port-Royal. Passant devant la Closerie des Lilas et sous le parasol-pluie du voiturier, nous poursuivons notre chemin sur les larges trottoirs du boulevard Montparnasse. Je m'arrête devant chaque rares vitrines. Jorgue s'éloigne des magasins avec son parapluie histoire de m'entraîner dans son sillage.
- mh, on va être en retard.
- Tu crois que c'est une bonne idée ?
- C'est une excellente idée.
- Je peux te faire confiance alors ?
Mon bras sous celui de Jorgue. Je me serre contre mon ami. J'ai l'air de traverser une jungle profonde en talons aiguilles, au bras d'un Tarzan m'abritant sous un minuscule parapluie bleu.
- Qu'est-ce qu'il t'a dis ?
- Que ton écriture est chaude, sensuelle, intime qu'elle lui plait beaucoup. Qu'il aimerait te rencontrer pour discuter d'un projet avec toi.
- J'aime pas ça j'aime pas ça j'aime pas ça.
- Ça suffit le coup des vitrines ! mh, quand on te fait des compliments tu disparais, quand on ne t'en fait pas tu râles. Qu'est-ce que tu veux ?
- Arrêtes de me poser des questions idiotes.
Je me détache tout soudain de lui revenant sur mes pas. Jorgue me rattrape et à son tour me tient le bras serré.
- Ce type tu vas le voir et tu lui dis oui ! À tout ce qu'il te dit tu dis OUI, t'entends !
- D'abord je ne le connais pas. T'as qu'à être mon agent. T'as qu'à me dire ce qu'il veut TOI !
- Je sais ce qu'il veut. Dépêche-toi. Ne fais pas l'idiote, t'es fauchée, tu aimes écrire.
À l'allure ou Jorgue a raison, j'ai l'impression d'avoir tout le temps tort...
Nous progressons vers le fatal café Lounge où j'ai rendez-vous avec un inconnu. Jorgue se tait comme moi. J'aime marcher sur ce boulevard. Sous la pluie aussi. Avec Jorgue aussi.
- Il veut quelque chose de précis.
- Oui ?
- Il veut que tu écrives des textes pour lui. Des textes… Enfin je ne sais pas si tu sauras faire, c'est pour ça que tu dois le rencontrer.
- Quoi comme textes. Tu m'as dis des petites histoires.
- Oui de petites histoires. Tu sais Anaïs Nin…
- Tu aimes Anaïs Nin ?
- Je ne t'ai pas dit que j'aimais, je t'ai dis que…Anaïs Nin en écrivait aussi des petites histoires comme ça.
- Elle écrivait son journal Anaïs… J'écris pas mon journal du tout !
- On arrive c'est là, l'auvent blanc
- T'as qu'à te cacher derrière le parapluie et tu me dis qui c'est, je veux voir ça tête.
- Commence pas mh !
Jorgue s'arrête juste avant le café, il se retourne vers moi et me regarde dans les yeux.
- Ce type veut que tu lui écrives des histoires… crues.
- Il veut publier mes histoires si ce sont des histoires crues ?
- Oui.
- Il va me payer ?
- Si ce que tu écris lui plait.
- Pourquoi tu me le dis là maintenant ?
- J'avais peur que tu ne veuilles pas le voir.
- Parfaitement je veux le voir. Il est où ? Approche, t'as qu'à rester derrière le parapluie.
- Le grand maigre avec un chapeau, il vient de s'asseoir.
- POUARGGGGGGGGGGGG ! Ce type là veut que je lui écrive des histoires crues ??? Je pourrais jamais écrire des histoires crues en imaginant que le bonhomme sous le chapeau va les lire.
- Il faudrait qu'il soit comment pour que tu puisses les écrire ?
- Pas comme le bonhomme maigre. D'ailleurs je préfère ne pas imaginer la tête des gens qui lisent mes histoires.
- Je les lis bien moi.
- Oui mais tu ne me payes pas pour écrire des histoires crues.
- Si je te le demandais ?
- Jorgue, c'est pas drôle... Et puis je n'en veux pas de ce rendez-vous.
Mon ami se détache de moi. Il avance vers la porte du café. Il plie le petit parapluie et le glisse tout mouillé sous son bras.
Je reviens vers Port-Royal. Devant la Closerie j'hésite à peine avant de tourner à gauche. Je longe l'institut d'art. Je passe le grand portail vert du Luxembourg. Je ne croise personne.
Mes cheveux sont mouillés. Je tire une chaise sous un arbre. Je passe ma main sur l'assise pour en chasser l'eau. Je m'assieds sur le rebord. Je lève la tête.
J'imagine que je suis transparente, que je tombe goutte à goutte sur les arbres.
mh,
A lire "Paris est une fête" Ernest Hemingway. -
Ah l'autruche !
Merci !
L'autruche.
mh,
-
Destinée hypothétique ou Conversation de terrasse.
- Malie, je suis passée à côté de ma destinée
- Il n’est pas si tard
- En fait, je suis une grande amoureuse
- Toi ?
- Oui, j’avais une destinée de grande amoureuse et je passe à côté je le sens.
- Ah.
- Tu vois, il faudrait juste que je me recentre… tu m’écoutes ?
- Je suis tout ouï
- Je laisse tomber le thé le chocolat, les livres, les arbres, les babioles, la pluie, le soleil, la musique, le rythme, danser…Tout ça quoi.
- Oui.
- Oui, je te dis puisqu’il faut que…
-…tu te recentres c’est entendu.
- Ce qui va me donner le plus de mal c’est la danse et les arbres
- Grande amoureuse des arbres t’avais pourtant un destin unique.
- C’est pas une question de botanique. Tiens toi je suis sûre que tu n’es jamais rentrée en communication avec un arbre.
- J’ai déjà du mal avec mon chat. -
Relecture
Je relis Alice Miller : «Notre corps ne ment jamais ».
Les mots : "peur du châtiment", "répression des émotions fortes" me sautent à la tête.
Les livres sont comme des codes secrets.Notre vie peut nous permettre de décrypter à chaque lecture le sens des mots qui, "presque" indépendamment d’un auteur, nous parlent.
© mh,