J'ai longtemps rêvé de maison.
J'ai, dans ma petite chambre d'étudiante en son temps, puis dans mes studios parisiens, toujours imaginé les maisons où, plus tard, je me voyais vivre.
Pour étayer mes rêves, je pillais les bibliothèques de tous les livres de décoration. Je me ruinais avec un plaisir extrême, en revues luxueuses, pleines du "chez soi" des autres, de bois précieux, de cuisines splendides.
Les deux premiers romans que j'ai tentés d'écrire et surtout de finir, se nourrissaient de bâtisses anciennes retapées, et de jardins. Je créais là, ce que je ne pouvais ou ne savais créer ailleurs. Mes héros ou héroïnes y vivaient à tel point ! Je pouvais, dans mes mots, soigner une décoration issue de mes lectures et de mes rêves. J'habitais à la fois les maisons et l'histoire. Je me sentais chacun des personnages.
Être à la fois une maison et un jardin, être un vieil homme et son exil, être les montagnes, la fuite, la joie, la violence, la mélancolie, la colère.
Un moment, J'ai cru devenir amoureuse d'écrire, puis j'ai compris que j'habitais mes mots, que là se trouvait ma demeure.
J'ai abandonné les livres et les revues que je feuillette désormais plus légèrement.Je ne m'inquiète pas de celle que jamais sans doute je ne construirais puisque je tente de la bâtir en moi. Mes mots devenant le reflet de ma propre architecture.
J'ai passé des heures à rêver. J'ai passé des années à tenter de construire mes histoires.
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